Faire son cinéma… à Sainte-Clotilde-de-Horton
ENTREVUE | Cette semaine, nous avons le bonheur d’échanger avec l’humoriste Zoé Lamontagne, co-ambassadrice de notre première édition du Sommet des Forces fraîches aux côtés de l’auteur-compositeur et cofondateur du BEAM, Pierre-Philippe Côté aka Pilou.
Zoé est membre fondatrice de la Coopérative du cœur qui a récemment procédé à l’acquisition de l’église de Sainte-Clotilde-de-Horton afin de la transformer en un espace communautaire et culturel.
Le Sommet des Forces fraîches aura lieu du 20 au 22 septembre 2022 dans la MRC des Sources et vise à offrir un espace d’intelligence collective sur notre rôle comme porteur de projet dans la transition sociale, économique et écologique de nos communautés et de nos territoires.
Découvrez tous les détails sur le Sommet, la programmation et la billetterie → https://www.forcesfraiches.ca/sommet-2022
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Faire son cinéma… à Sainte-Clotilde-de-Horton
Discussion avec Zoé Lamontagne, entrepreneure
On dit qu’il n’y a souvent pas de chemin tout tracé dans le merveilleux monde de l’entrepreneuriat. Et ça, Zoé Lamontagne l’a bien compris! Comédienne et auteure diplômée de l’École nationale de l’humour, celle qui a grandi en plein cœur de Montréal ne se doutait pas qu’elle finirait un jour par discuter de désacralisation d’une église avec la Fabrique d’une petite municipalité du Centre-du-Québec. Comme plusieurs porteurs de projets, c’est la pandémie qui a alimenté sa réflexion plus rapidement que prévu quant au milieu de vie où elle souhaiterait s’établir avec sa petite famille.
Elle me parle de son premier “vrai” événement qui sera présenté le 16 juillet prochain: l’église de Sainte-Clotilde-de-Horton sera le lieu d’accueil d’un soir de la tournée des finissants de l’École nationale de l’humour. Louise Richer, directrice de l’établissement, souhaite notamment que Zoé parle aux étudiants de son projet dans le cadre du cours de gestion de carrière afin de les inspirer. Ce n’est pas tout, on annonce une soirée d'improvisation le 23 juillet et une soirée karaoké le 26 août prochain. La frénésie est bien là, c’est le début de quelque chose de grand pour Zoé Lamontagne et son équipe pour ce projet de diffusion culturelle.
La petite histoire
Quelques années auparavant, sa sœur avait choisi de s’installer dans la petite municipalité de Sainte-Clotilde-de-Horton, dans la MRC d’Arthabaska, un coin de pays peuplé de 1 569 habitants, à mi-chemin entre Drummondville et Victoriaville. De son côté, Zoé et son conjoint multipliaient les raisons de sortir de l’île de Montréal pour se retrouver en nature et profiter du grand air. Très vite, elle s’est sentie comme chez elle. Avec le temps, elle a littéralement adopté la municipalité qui l’a accueillie à bras ouverts. Mentionnons tout de même que son beau-frère, le conjoint de sa sœur, est originaire de Sainte-Clotilde, ce qui a contribué au processus.
L’étincelle est née lorsqu’une marguillière, une dame responsable de l’église, a approché sa sœur afin de lui demander si elle avait un projet en tête pour l’église ou si elle connaissait quelqu’un qui pourrait donner une nouvelle vocation à l’immeuble patrimonial. “Il serait dommage de perdre l’église”, disait-elle. Cela faisait une dizaine d’années que le projet était dans l’air, cette dernière en a donc parlé à Zoé qui s’est mise à réfléchir sérieusement à ses options.
Nous sommes au beau milieu de la pandémie et bien malin celui qui pouvait prédire à quel moment nous allions en sortir. Zoé se sentait plutôt isolée et souhaitait trouver un projet qui allait lui donner l’envie de continuer à créer. En tant que comédienne, les rôles se présentaient moins avec une industrie qui tournait au ralenti et elle a simplement décidé de mettre en marche tous les projets qui traînaient dans un coin de sa tête. “J’ai fait plusieurs demandes de subvention pour tous ces projets et le seul qui a été accepté fut la réalisation d’un plan d’affaires pour ce qui allait devenir notre Coop”, mentionne-t-elle. C’était le début d’une grande épopée!
“Mon conjoint et moi on s’est posés la question: combien de fois est-ce qu’on a réellement besoin de revenir à Montréal? Est-ce que vivre là pourrait être possible?”, dit-elle. Aujourd’hui, les meetings virtuels et le télétravail sont tout à fait communs et cela ne les empêche pas de pratiquer leur métier exactement comme avant. Son conjoint est réalisateur et figure aujourd’hui dans la liste des quatre membres fondateurs de la Coopérative du cœur. “Je pense que l’un des éléments majeurs pour la réussite d’un projet, lorsque tu te lances en affaires, c’est le support inconditionnel de ton conjoint”, ajoute celle qui est aujourd’hui une jeune mère de famille.
Plus tard, Zoé s’est intéressée à l’une des recherches de Christelle Paré, chercheure indépendante et enseignante à l’École nationale de l’humour. Celle-ci fut la première Canadienne à réaliser des études scientifiques sur l’industrie de l’humour francophone et à abattre les frontières entre l’humour et la recherche afin de le faire rayonner davantage[1]. Elle a rédigé une étude qui a particulièrement attiré l’attention de Zoé et qui a analysé la culture comme moteur de développement des milieux ruraux. Cette recherche est venue ajouter du poids à la démarche déjà entreprise par Zoé.
Trouver son vrai “pourquoi”... et demander “pourquoi”
“On l’a fait pour améliorer notre milieu de vie, ça part de là!”, mentionne celle qui n’aurait jamais imaginé se retrouver un jour dans la chaise de l’entrepreneure, mais qui s’y plaît énormément. Elle mentionnait qu’une erreur fréquente en entrepreneuriat social est de rapidement vouloir faire de l’argent et percevoir trop vite l’aspect mercantile de nos projets. Elle ajoute qu’il faut d’abord comprendre la raison fondamentale qui nous pousse à agir en entrepreneuriat avant de lancer quelconque projet.
“J’ai dû apprendre à demander pourquoi on me refusait l’une ou l’autre de mes demandes afin que ce refus devienne, à terme, un “oui” et une nouvelle porte ouverte! Si tu t’en tiens à ce refus sans poser de question, tu n’avanceras jamais”, dit-elle. Au début de son projet, l’équipe s’est butée à un refus de la part de certains décideurs pour réaliser qu’au final, cette situation n’était due qu’à un changement de personnel qui causait des retards administratifs. Elle comprend aujourd’hui l’importance de ne pas abandonner et de ne pas se contenter d’un refus, lorsqu’on croit à la valeur de son projet.
Le soutien est bien là
Aller à la rencontre d’autres entrepreneurs, s’informer sur les programmes d’aide en vigueur et ne pas hésiter à participer à des activités de réseautage, voilà quelques idées que propose Zoé Lamontagne. Elle a pu bénéficier d’un support important provenant du programme d’aide aux travailleurs autonomes en plus de profiter du réseau de la Jeune chambre de commerce de Montréal, dès ses premiers pas en affaires. Finalement, elle en a long à raconter sur la grande campagne de sociofinancement qu’elle a effectuée avec La Ruche et l’appui inespéré du Fonds Mille et UN pour la jeunesse qui ont grandement contribué à ce projet. De plus, elle n’a jamais manqué un café-rencontre organisé les mercredis matins par les Forces fraîches afin de bonifier son réseau de contacts.
Et la comédienne, dans tout ça…
Il est certain que l’artiste-entrepreneure a accumulé son lot d’anecdotes cocasses dans la concrétisation de son projet, mais cette coopérative de travail a finalement vu le jour. Une chose est certaine: elle a trouvé un endroit de rêve pour y établir sa famille et tisser des liens avec une communauté attachante et dont elle est fière. Tous les jours, elle utilise ses acquis de comédienne afin de porter son projet encore plus haut, faire rayonner sa programmation artistique et convaincre l’ensemble des parties prenantes à joindre ce tout nouveau lieu de diffusion qui contribue au second souffle de la municipalité. Elle a aujourd’hui tout un théâtre qui servira, elle le souhaite, de point de rassemblement créatif et de véritable outil d’attraction. Zoé Lamontagne est définitivement aux premières loges de ce qui s’annonce être toute une aventure…
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Rédaction: Michaël Grégoire
[1] Fondation de l’INRS - https://fondation.inrs.ca/finrs-1/christelle-pare